Il me fait plaisir d’être
ici au Collège Condorcet en France pour vous présenter Le Cerveau à tous les niveaux. Je remercie d’ailleurs le
Prix Roberval de me donner cette opportunité de présenter à des jeunes de 14-15
ans ce site web interactif sur le
cerveau et les comportements humains.
Ce que je vous propose dans
les trois quarts d’heure qui vont suivre, c’est donc deux choses imbriquée
l’une dans l’autre, c’est-à-dire :
1) d’une part un petit
voyage à travers le site pour vous initier à son mode de fonctionnement un
peu particulier ;
2) et d’autre part vous
donner un aperçu très général du fonctionnement et de la complexité du
cerveau humain. Ce sera un aperçu très
très général, mais qui, je l’espère, saura piquer votre curiosité, et vous faire retourner sur le site par la suite pour
en savoir plus. C’est d’ailleurs le gros avantage d’un site web que de pouvoir
le consulter 24h sur 24, où que vous soyez dans le monde…
Donc on va commencer par présenter
un petit peu notre objet d’étude…
…le cerveau humain, qui est la forme de matière organisée la plus complexe de
l'univers connu, ce qui peu donner un peu le vertige de prime abord.
Mais quand on prend
conscience qu’on a chacun, entre les deux oreilles, un exemplaire unique de cet objet le plus complexe de l’univers,
c’est là que ça devient soudainement pas mal moins rebutant et pas mal plus
intéressant.
Et à plus forte raison quand
on prend conscience de tout ce que fait
le cerveau.
Si je vous demande, par
exemple, quelle est la fonction d’un organe comme le cœur ? Je suis sûr que vous savez à quoi sert
le cœur… C’est ça, à pomper le sang. Et si je prends un autre organe
comme les reins par exemple. À quoi
servent les reins, est-ce que quelqu’un peut me le dire ? C’est ça, à
filtrer le sang.
Mais si je vous demande à quoi sert le cerveau maintenant ?
Est-ce qu’il y en a qui ont des idées ?
Vous avez raison, le cerveau
sert à tout ça et même encore plus :
Que ce soit…
…c’est toujours le cerveau qui est impliqué.
Et cette liste n’est
évidemment pas complète !
Et pour accomplir tout ça,
le cerveau est loin de flotter comme ça dans le vide.
Il est au contraire bien situé dans un corps avec lequel il
communique constamment par l’entremise de l’ensemble de son système nerveux et
hormonal.
Ce corps n’est pas non plus isolé du monde…
…mais évolue dans un environnement avec lequel le cerveau
est en constante interaction via nos
différents systèmes sensoriels.
Et parmi les différents
facteurs de cet environnement, ce n’est pas la température, ou les autre
animaux qui vont avoir la plus grande influence sur notre comportement, mais
bien les autres individus de notre
espèce.
Et quand une espèce
extrêmement sociale comme la nôtre
est doué de langage, ce langage,
verbal ou non verbal, peut à lui seul engendrer dans le corps de l’individu toutes
sortes de bouleversements physiologiques…
…qui, bien que l’intégrité
physique d’un individu ne soit pas réellement menacée, vont mettre en jeu des systèmes d’alarme ancestraux qui
l’amèneraient à fuir sur le champ,
si l’individu en question n’avait pas par exemple
à vous présenter ce matin le fonctionnement de son site web !
Voilà donc le cerveau humain situé un peu dans ses interactions complexes avec notre monde
intérieur et extérieur.
Et ça m’amène à vous parler
de notre site web…
…et de sa première
caractéristique, à savoir que tout ce qui y est expliqué sur le cerveau l’est à
3 niveaux de difficulté croissant :
-
au niveau débutant d’abord pour le grand public
qui n’a pas nécessairement de formation scientifique;
-
au niveau intermédiaire ensuite, pour le lecteur
plus habitué aux revues de vulgarisation scientifiques ;
-
et finalement au niveau avancé pour les gens qui
ont une formation scientifiques, mais qui oeuvrent peut-être dans des
domaines autres que les neurosciences.
Comme notre site est un site de vulgarisation scientifique qui veut rejoindre le grand public, on a
adopté cette approche-là qui permet de rentrer progressivement dans la
grande complexité du cerveau.
Avant d’aller voir ça directement sur le site, j’aimerais tout de suite
vous présenter l’autre grande façon de
naviguer dans notre site. Il s’agit encore de niveaux, mais cette fois-ci
de niveaux d’organisation.
En effet, l’autre grande caractéristique du site, c’est que pour tous les
sujets traités, on va expliquer ce qui se passe à 5 niveaux d’organisation différents, soit le niveau moléculaire,
cellulaire, cérébral, psychologique et même social.
Pourquoi ces 5 niveaux ? Je vais vous donner un
exemple qui va tout de suite vous aider à comprendre pourquoi on a fait ce
choix.
Si l’on prend par exemple une découverte sur une région
du cerveau impliquée dans la mémoire, on va généralement vous expliquer ce
qu’est en gros la mémoire et en quoi l’activité de cette région particulière du
cerveau nous apprend quelque chose de nouveau sur ce phénomène. Ça peut déjà
être intéressant, c’est sûr. Le problème c’est qu’on est loin d’avoir tout dit.
On est loin d’avoir rendu toute la complexité de la mémoire humaine à ce
moment-là.
Parce que le problème avec
le cerveau, c’est qu’à chaque fois qu’il se passe quelque chose à un niveau
d’organisation, il se passe forcément plusieurs autres choses simultanément aux autres niveaux
d’organisation. Dans le cas de la mémoire par exemple, il y a énormément de
processus connus qui sont à l’œuvre au niveau des connexions que font entre
elles les cellules de notre cerveau. Des processus, donc, au niveau cellulaire et moléculaire.
D’où l’idée de cette seconde boîte de navigation pour
donner une image plus globale du fonctionnement du cerveau en donnant au
lecteur la possibilité d’explorer à sa guise ce qui se passe simultanément à
tous ces niveaux d’organisation pour telle ou telle fonction du cerveau.
Maintenant, comment tout ça
se présente concrètement sur le site
? Pour vous montrer ça, on va aller sur le site lui-même
(passer au
navigateur à la page d’accueil www.lecerveau.mcgill.ca
)
On a donc ici la page
d’accueil du site avec les 12 grands
thèmes dans lesquels est réparti le contenu du site. Et chacune de ces 12 grandes
portes d’entrée du site propose un certain nombre de sous-thèmes.
Donc si l’on prend par
exemple le premier thème ici intitulé du simple au complexe, et
que l’on sélectionne le premier sous-thème sur l’anatomie des niveaux
d’organisation https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_01/d_01_cr/d_01_cr_ana/d_01_cr_ana.html
, on arrive sur un sujet
qui présente simplement la forme générale du cerveau. Chaque page de contenu peut aborder plusieurs
sujets, ici il y en a deux, le deuxième étant une vue d’ensemble du système nerveux.
Si on regarde maintenant nos deux types de niveaux, on voit ici
dans la boîte de navigation des niveaux
d’explication que l’on est au niveau débutant.
Et si l’on regarde la boîte des niveaux
d’organisation, on est au niveau cérébral.
On va donc, dans cette page
présenter l’anatomie du cerveau, c’est-à-dire la forme générale, du cerveau. Et essentiellement, ce qu’on va
dire, c’est qu’on subdivise généralement le cerveau en 4 grands lobes : le lobe temporal, le lobe frontal, le lobe
pariétal et le lobe occipital.
Et l’on sait que certaines
activités très générales de cerveau peuvent être associé à certains de ces
grands lobes, et pas à d’autres. Par exemple, quand on a les yeux ouverts et qu’on regarde
quelque chose (comme vous en ce moment qui me regardez), eh bien votre cortex occipital, ici en arrière de la
tête est très actif parce que c’est là qu’est analysé en premier tout ce qui
entre dans nos yeux.
Maintenant, qu’est-ce qui
arrive si je clique ici sur « intermédiaire »
dans la boîte de navigation des niveaux d’explication https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_01/i_01_cr/i_01_cr_ana/i_01_cr_ana.html
? Eh bien je me retrouve sur une autre
page du site, qui parle exactement du même
sujet, l’anatomie du cerveau, mais au niveau d’explication intermédiaire.
Et vous avez sans doute remarqué une chose qui a
changé dans l’aspect général de la page… au niveau de la couleur… c’est ça, on est passé du jaune, qui est la couleur
du niveau débutant, au vert, qui est la couleur intermédiaire.
Au niveau intermédiaire, on a un peu la même
disposition de la page, mais cette fois-ci on a une coupe sagittale du cerveau
qui dévoile quelques grandes structures internes.
On pourrait continuer en
cliquant sur avancé https://lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_01/a_01_cr/a_01_cr_ana/a_01_cr_ana.html dans la boîte de navigation,
mais on remarque qu’il y a souvent un
hyperlien, dans le texte même qui pointe vers le niveau supérieur pour
inciter le lecteur à en savoir plus. Par exemple ici on peut lire que « Les chercheurs regroupent ces
structures de différentes façons. » (cliquer) et ce lien vous
amène au niveau avancé vers la classification utilisée par les chercheurs pour
regrouper ces différentes structures cérébrales.
Donc à tous les niveaux d’explication on parle toujours du même sujet, ici l’anatomie générale du
cerveau, mais cette explication a de plus en plus de précision à mesure que
l’on va vers le niveau avancé. Cette façon de s’approprier les
connaissances tire parti du caractère associatif
des phénomènes d’apprentissage et de
mémoire : le fait qu’il est toujours plus facile d’arrimer de l’inconnu sur du connu. En y allant progressivement
comme ça par niveaux, on a donc plus de chance que les nouvelles connaissances puissent s’arrimer à quelque chose qui
a déjà été assimilé par le lecteur.
Pour ce qui est de la navigation par niveaux d’organisation
maintenant (et je vais revenir au niveau débutant
pour vous en parler https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_01/d_01_cr/d_01_cr_ana/d_01_cr_ana.html),
j’en ai donc retenus 5 qui vont du moléculaire
au social, et que l’on peut
sélectionner grâce à cette seconde boîte
de navigation ici.
Si l’on clique par exemple
sur le niveau cellulaire https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_01/d_01_cl/d_01_cl_ana/d_01_cl_ana.html
,
on nous rappelle que les
cellules du cerveau, qu’on appelle les neurones,
ont des caractéristiques similaires aux autres cellules de notre corps. Mais elles
ont aussi deux particularités anatomiques qui les distinguent : les dendrites, qui sont les espèces de
branches autour du corps cellulaire, et l’axone.
Ce long prolongement qu’est
l’axone peut d’ailleurs être très très
long comparativement à la taille du corps cellulaire. Par exemple, si
on voulais faire avec une balle de
ping-pong, un modèle de neurone
moteur du pied, dont le corps cellulaire est situé dans la moelle épinière
et dont l’axone descend jusqu’au pied, il faudrait près de
Avant de continuer à
explorer les différents niveaux d’organisation, je vais faire un petit
changement de sous-thème qui va nous permettre de continuer d’explorer le
fonctionnement des neurones. (cliquer sur fonction :
https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_01/d_01_cl/d_01_cl_fon/d_01_cl_fon.html
)
Car à quoi servent ces neurones avec leurs dendrites
et leurs axones ? C’est ça…
Essentiellement à communiquer, à
s’échanger de l’information.
Et cette communication
neuronale se fait par deux processus qui fonctionnent conjointement. D’abord
une conduction électrique, ou plutôt
électrochimique, puisqu’elle implique non pas des électrons en mouvement comme
dans nos fils électriques mais bien des ions,
c’est-à-dire des petites molécules
chargées. Et cette conduction survient le long de la membrane du neurone.
Et ensuite une transmission chimique, qui elle va
survenir entre les neurones, qui ne
se touchent pas vraiment comme on le voir. Pour en savoir plus sur ces deux
processus, on va descendre au niveau
moléculaire à l’aide de notre boîte des niveaux d’organisation. https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_01/d_01_m/d_01_m_fon/d_01_m_fon.html
Et on va trouver d’abord une
petite animation qui nous donne une idée du fonctionnement de cette conduction électrochimique au niveau
moléculaire. On voit ici le début de l’axone qui part du corps du neurone.
(1) À l’état de repos, on
voit qu’il y a une répartition inégale de ces petites molécules chargées
électriquement, de sorte que l’intérieur du neurone est chargé plus
négativement que l’extérieur. (2) L’influx nerveux, en ouvrant et en fermant
certain canaux situé à travers la membrane du neurone, va inverser le potentiel électrique de part et d’autre de cette
membrane, de sorte que durant un bref instant, l’intérieur devient plus positif
que l’extérieur. (3) Ce bref changement de potentiel va alors se propager
rapidement le long de l’axone par le jeu de l’ouverture et de la fermeture de
certains canaux. C’est ce qu’on appelle couramment l’influx nerveux, mais dont le nom plus précis est le potentiel d’action.
Pour vous montrer maintenant
comment fonctionne la transmission
chimique, je vais passer au niveau d’explication intermédiaire ici
https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_01/i_01_m/i_01_m_fon/i_01_m_fon.html#2,
au sujet 2 : pour vous montrer
ce petit schéma où l’on a un agrandissement du bout de l’axone d’un premier neurone qui serait plus haut ici, et le bout
d’un dendrite d’un second axone qui
serait plus bas par là. La première chose qu’on remarque, et ça c’est bien
important, c’est que les deux neurones ne
se touchent pas mais qu’il y a un petit espace entre eux. En fait, ces deux bouts de neurones et ce petit
espace, est-ce qu’il y en a qui savent comment on appelle ça ? C’est
ça, c’est
(2) On retrouve donc ici
notre potentiel d’action qui arrive avec ses
charges positives à l’intérieur du neurone. Ce changement de potentiel va
provoquer l’ouverture de canaux spéciaux comme celui-ci qui vont faire rentrer
du calcium à l’intérieur de ce
neurone. (3) Ce calcium va provoquer l’expulsion dans l’espace entre les deux
neurones de molécules chimiques appelées neurotransmetteurs.
Ces neurotransmetteurs vont alors se fixer sur d’autres récepteurs situés sur le deuxième neurone. Et cette fixation va
provoquer l’ouverture de ces canaux et l’entrée dans ce deuxième neurone de
charge positive, ce qui va régénérer le
potentiel d’action dans ce second neurone.
Tout ça, la conduction
électrochimique et la transmission synaptique, se fait très vite. Mais ça ne se fait pas non plus instantanément. Et je vais vous montrer avec une petite expérience très simple qu’il y a
un certain délai dans le traitement
de l’information dans notre système nerveux dû justement à tous ces processus
biochimiques.
Prenez un crayon d’une main et tenez-le par un bout en laissant
l’autre bout pendre par en bas. Approchez ensuite l’index et le majeur de votre
autre main le plus proche possible du bout du bas du crayon mais sans y
toucher. Maintenant, lâcher le crayon et saisissez-le entre votre pouce et
votre index avant qu’il ne tombe par terre. Facile ? Ok, maintenant, on va
changer une petite donnée de l’expérience : ce n’est plus vous qui allez
lâcher le crayon, mais l’un de vos camarades, mais sans vous avertir quand il
va le lâcher. Vous devez donc regarder
ses doigts et quand il lâche le crayon, fermer les vôtres pour l’attraper. Est-ce aussi facile ? Pourquoi ?
C’est que lorsque c’est
vous-même qui lâchez le crayon, votre cerveau sait quand il va le lâcher et prépare la commande du muscle de vos
doigts en conséquence. Mais quand c’est votre camarade, votre cerveau ne peut
pas anticiper ainsi, il ne peut obtenir
le signal que par la vision seulement. Or le chemin que doit alors
parcourir l’influx nerveux est beaucoup plus grand. Et je vais vous montrer un
peu de quoi à l’air ce trajet.
Il part donc de vos yeux (cliquer sur le thème de la vision, puis débutant, 2e
sujet
https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_02/d_02_cr/d_02_cr_vis/d_02_cr_vis.html#2),
puis va à votre cortex visuel en
arrière de votre tête où l’image est décryptée, puis doit retourner
(cliquer sur le thème sur le
mouvement, puis sur le sujet 4 :
https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_06/d_06_cr/d_06_cr_mou/d_06_cr_mou.html#4)
au cortex frontal de votre cerveau
pour générer la commande motrice. Celle-ci
doit alors quitter le cerveau
(cliquer sur cellulaire : https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_06/d_06_cl/d_06_cl_mou/d_06_cl_mou.html)
pour descendre le long de la moelle
épinière, puis être transmise aux motoneurones
de celle-ci qui eux vont finalement faire bouger les muscles de vos doigts. Le chemin est alors beaucoup plus long et prend plus de temps que le
temps qu’il faut à la gravité pour faire descendre un objet de
Ça c’était une tâche très simple pour le cerveau. Mais
rappelez-vous de tout ce que peut faire
notre cerveau. Toute nos facultés viennent donc de la capacité de chacun de nos
neurones d’intégrer les influx
nerveux qui leur parviennent et de décider
en quelque sorte s’ils vont à leur tour produire eux aussi des influx nerveux.
Pour vous donner une petite
idée de ce phénomène, je vais retourner dans le premier thème, dans le
sous-thème sur les fonctions des niveaux
d’organisation, au niveau intermédiaire
et cellulaire, pour vous montrer
cette petite animation. https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_01/i_01_cl/i_01_cl_fon/i_01_cl_fon.html
On y voit trois axones qui arrivent sur le même
neurone. Dans la première situation ici, seulement le premier axone envoie un influx nerveux, et celui-ci
n’est pas suffisant pour que le deuxième neurone déclenche à son tour un influx
nerveux. (2) Par contre, il arrive souvent que deux axones fassent feu en même temps sur le même neurone et que la
somme de ces deux influx deviennent assez puissante pour réveiller notre
deuxième neurone et lui faire produire un potentiel d’action.
Mais selon le type de canaux
que l’on retrouve à la synapse, l’influx nerveux qui arrive n’a pas toujours un effet excitateur. (3)
Il peut aussi diminuer l’activité
nerveuse du second neurone, auquel cas on a affaire à un potentiel inhibiteur. Et celui-ci peut, dans
certains cas, empêcher un neurone
pourtant excité par d’autres neurones, de générer des potentiels d’action.
C’est donc cette dynamique qui est qui se produit en ce moment même des milliards de fois par seconde dans vos
cerveaux ! Et comme on a environ
100 milliards de neurones qui font
chacun en moyenne 10 000 connexions
avec d’autres neurones, je vous laisse imaginer la complexité des opérations
qui ont lieu à tout moment dans notre cerveau.
Ici je serais curieux de savoir ici s’il y en a qui
ont déjà entendu qu’on n’utilisait que 10 % de notre cerveau ? À la lumière de ce qu’on vient de dire, vous
comprenez peut-être mieux maintenant pourquoi une affirmation comme celle-là
est fausse et n’a pas de sens. Ne
serait-ce que parce que la majorité des
neurones émettent, en plus, spontanément, des potentiels d’action, et que
les autres neurones vont plutôt venir modifier
cette activité spontanée. Donc notre cerveau fonctionne constamment à 100%. Ce
qui n’enlève rien à nos capacités d’apprentissage.
Au contraire, même si on n’a
pas un 90% de notre cerveau qui attendrait d’être utilisé, nos capacités d’apprentissage sont tout de même pratiquement infinies et ça, c’est plutôt à cause de la grande complexité du réseau
de neurone que nous avons, et surtout de la plasticité de nos synapses, c’est-à-dire la possibilité de modifier l’efficacité de certaines
connexions nerveuses dans notre cerveau.
Et d’ailleurs, apprendre, ce n’est rien d’autre que
cela.
(cliquer https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_07/d_07_cl/d_07_cl_tra/d_07_cl_tra.html
) Et on va se mettre ici au niveau cellulaire où l’on parle justement de la plasticité des réseaux de neurone pour expliquer un peu ce qui se
passe quand on apprend.
Lorsqu'on entend par
exemple un nouveau mot, il y a de nouvelles connexions entre certains
de nos neurones qui vont être sollicitées : des neurones du cortex visuel pour en reconnaître l'orthographe, d'autres du cortex auditif pour en
entendre la prononciation, d'autres encore dans les régions associatives du cortex pour le relier à d'autres
connaissances qu’on a déjà emmagasiné. C’est l’aspect associatif de notre mémoire qui fait qu’il est plus facile
d’apprendre de nouvelles choses si l’on peut les associer à du connu, à des
choses déjà mémorisées, comme on l’a déjà dit tantôt.
Mais une autre chose qui
aide beaucoup à apprendre c’est simplement
Un peu comme quand les
gens coupent à travers un terrain vague pour ne pas faire tout le tour d’un
coin de rue. Il se crée à ce moment-là un sentier,
qui n’est pas très visible au départ, mais qui peut devenir très profond si beaucoup de gens passent là
souvent. Eh bien un souvenir qui
s’engramme dans nos réseaux de neurones, c’est un peu la même chose.
Et ces propriétés de la
mémoire sont tout à fait en accord avec ce qu’on sait de ce processus au niveau
moléculaire. Si je redescends par exemple ici au niveau moléculaire, en me mettant au niveau intermédiaire,
https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_07/i_07_m/i_07_m_tra/i_07_m_tra.html
on retrouve une synapse comme celle de tantôt.
Et on peut visionner la
petite animation qui nous rappelle les
grandes étapes de la transmission synaptique, avec arrivée de l’influx
nerveux, libération de neurotransmetteur, fixation du neurotransmetteur sur les
récepteurs, ouverture de canaux ioniques et dépolarisation du deuxième neurone
d’où repart un autre potentiel d’action. Je peux la refaire jouer parce que ça
va assez vite…
Qu’est-ce qui arrive
maintenant lorsqu’on se répète un mot
plusieurs fois ? On active simplement plus
souvent les neurones qui codent pour ce mot et on y génère plus de potentiel d’action. Regardez
maintenant ce qui se passe quand on a ainsi un train de potentiel d’action qui
viennent ainsi bombarder le deuxième neurone. Comme il y a plus de
neurotransmetteurs de relâché, il y a plus
de canaux qui s’ouvrent et plus
longtemps, ce qui fait entrer plus
d’ions sodium ici.
Mais, également, cette plus
grande dépolarisation va avoir un autre effet : permettre l’ouverture d’un second type de canal qui
lui va faire rentrer du calcium dans le second neurone. Et ce calcium, en
plus d’être chargé positivement comme le sodium, est capable, lui, de
déclencher plusieurs réactions
biochimiques qui vont, en bout de ligne, augmenter le nombre de récepteurs à la synapse ou encore augmenter leur sensibilité, de sorte
que cette synapse sera à l’avenir beaucoup plus
efficace pour transmettre l’influx nerveux, et par conséquent pour vous
faire vous rappeler le nouveau mot.
Autrement dit, le « sentier »
sera plus profond. Je la refait jouer encore une fois…
Jusqu’ici on s’est attardé surtout
aux niveaux cérébral, cellulaire et moléculaire. J’aimerais maintenant remonter
avec vous au niveau psychologique, en allant sur le thème qui parle de la vision (https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_02/i_02_p/i_02_p_vis/i_02_p_vis.html).
On va dire quelques mots sur ce phénomène psychologique étrange que sont les illusions d’optique pour essayer de
montrer que notre cerveau est loin
d’être passif par rapport au monde qui l’entoure.
Car contrairement à ce qu’on
pourrait croire, ce que nous voyons du monde ne nous est pas donné tel quel
comme une simple photographie. Au contraire, les éléments d’une scène visuelle
sont souvent ambigus et notre
cerveau interprète constamment ces
signaux pour construire une image qui a du sens pour nous. En fait, notre
cerveau cherche tellement à mettre du sens partout qu’il en met souvent même là où il n'y en a pas, créant ainsi des illusions d’optique…
Par exemple ici on n’a pas vraiment l’impression que les grandes
lignes sont parallèles. Pourtant, si l’on enlève les petites barres qui
induisent notre cerveau en erreur, on voit bien qu’elles le sont.
Même chose pour les
pastilles qui sont au centre ici : on
a l’impression que celle de gauche est plus grande que celle de droite.
Mais si on enlève les pastilles autour de chacune d’elle, on constate qu’elles
sont identiques. Notre cerveau s’est fait une fois de plus influencer par le
contexte.
Dans ce cas-ci, on a l’impression que c’est la ligne bleue
verticale de droite qui est la plus longue. Mais notre cerveau est encore
une fois trompé, ici par l’effet de
perspective. Notre cerveau se dit sans doute quelque chose comme :
« cette ligne est plus loin »
(à cause de l’effet de perspective qui lui donne cette impression), et comme
elle stimule exactement la même longueur
de photorécepteurs sur la rétine de notre œil, notre cerveau nous convainc, subjectivement, psychologiquement, « qu’elle doit être plus longue si
elle est plus loin ».
Et même quand on a constaté
que les deux sont exactement de la même longueur en enlevant l’effet de
perspective, et qu’ensuite on qu’on remet cet effet, eh bien on a encore l’impression que la ligne de droite est plus
longue. C’est dire à quel point notre cerveau utilise cet effet de
perspective comme un puissant indice
qui l’aide à nous représenter le réel.
Cela m’amène à rappeler une
chose bien importante si l’on veut comprendre le fonctionnement du cerveau,
c’est que notre cerveau, le cerveau
humain, n’est pas né de la dernière pluie. Au contraire, il est le fruit
d’une longue évolution https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_05/i_05_p/i_05_p_her/i_05_p_her.html
au cours de laquelle nos ancêtres australopithèques,
Homo habilis ou Homo érectus ont vécu dans un environnement qui de tout temps a eu,
par exemple, ces points de fuite et ces
effets de perspective.
Ce n’est donc pas seulement
la forme de notre corps et de notre cerveau qui a été façonnée par l’évolution
mais certains aspects de notre pensée
elle-même, qui se manifestent encore aujourd’hui, sous la forme par exemple
des illusions d’optique.
Et de fait, on peut encore
identifier dans notre cerveau des structures
cérébrales qui sont apparues il y a des millions d’années au cours de
l’évolution et qui influencent encore notre psychologie et nos comportements.
Et un modèle très simple pour résumer rapidement ce principe https://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_05/d_05_cr/d_05_cr_her/d_05_cr_her.html
ce sont les 3 cerveaux de MacLean, un modèle proposé dans les années 1950.
La réalité est bien sûr beaucoup plus complexe, mais en gros, on peut dire que
notre cerveau d’aujourd’hui est le fruit de 3 cerveaux qui se sont emboîtés les uns sur les autres au fil de
l’évolution.
D’abord un cerveau un
cerveau « reptilien »,
qui est essentiellement celui que possèdent encore les reptiles comme les
lézards. Ce sont des structures cérébrales très anciennes qui assurent les fonctions vitales de l’organisme en
contrôlant, la fréquence cardiaque, la respiration, la température corporelle,
l’équilibre, etc. Il comprend le tronc cérébral et le cervelet… Il est fiable mais a tendance
à être plutôt rigide et compulsif…
(« Quand on a faim, on a faim… »)
On a aussi un cerveau « limbique », apparu avec les premiers
mammifères, capable de mémoriser les
comportements agréables ou désagréables, et par conséquent responsable chez
l’humain de ce que nous appelons les émotions.
Il comprend par exemple l’hippocampe ou l’amygdale.
Et finalement, le dernier
mais non le moindre, on a un « néo-cortex
», qui prend de l’importance chez les primates et culmine chez l’humain avec nos deux gros hémisphères cérébraux qui
prennent une importance démesurée. C’est grâce à eux que se développera le langage, la pensée abstraite,
l’imagination, la conscience. Le néocortex est souple et a des capacités d’apprentissage
quasi infinies. C’est aussi grâce au néo-cortex que peut se constituer la culture.
Et on va suivre ce lien de
la culture https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_01/i_01_s/i_01_s_ana/i_01_s_ana.html
pour donner un exemple de ce qu’on peut parler au niveau social dans le site.
Parce que c’est avec ce même
cerveau et ses parties plus ou moins anciennes qu’on vient de mentionner que
les êtres humains s’organisent en société et tissent des liens entre eux.
Et ce que produisent ces
liens et ces échanges, c’est ce qu’on appelle
Ma culture québécoise est différente de votre
culture française, par exemple. Mais
à cause de notre langue commune, les
deux sont plus proches si on les compare à la culture sud américaine ou chinoise,
par exemple. À part les langues, ces différences, on les voit dans les
habitudes de vie, dans les préférences alimentaires, dans les traditions
artistiques, etc.
Et un exemple d’une forme
d’art développée par différentes cultures, https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_02/i_02_s/i_02_s_vis/i_02_s_vis.html
c’est le cinéma,
qui est un autre sujet abordé dans le
site au niveau social, et qui va nous permettre de boucler notre petite
visite en revenant sur la notion d’illusion
visuelle.
Parce que depuis un siècle,
le cinéma, et bien sûr la télévision, ont contribué de façon importante à la transmission des valeurs culturelles
par la puissance d’évocation du réel
qui les caractérise.
Mais le cinéma, à la base,
ce n’est qu’une série d’images fixes
qui défilent rapidement devant une source lumineuse. Comme se crée alors dans
notre cerveau l’illusion du mouvement ?
On a longtemps cru que
c’était le phénomène de persistance
rétinienne qui permettait d’expliquer pourquoi on ressent la
succession d’images fixes d’un film comme des scènes en mouvement. La
persistance rétinienne, c’est un phénomène qui se produit dans les cellules de
notre rétine et qui gardent comme une trace,
une impression visuelle, durant quelques centaines de millisecondes
après la disparition d’un stimulus.
On avait donc proposé que la
persistance rétinienne pourrait en quelque sorte « remplir les noirs » entre les images fixes qui nous sont
projetées rapidement lors d’un film. De telle sorte, disait-on, que chaque
image s’imprime sur la rétine avant que
l’impression de la précédente ne soit complètement disparue, ce qui aurait
pour effet de fondre les deux images
ensemble et nous donner l’impression de continuité du mouvement.
Tout cela paraissait bien
logique mais cette explication a par la suite été rejetée par les psychologues pour plusieurs raisons.
Entre autre parce que nous
continuons d’avoir une impression de mouvement quand les images fixes nous sont
présentées à un rythme aussi bas que dix
images par secondes et même moins (cliquer sur l’animation).
Et donc, et je ne
rentrerai pas dans le détail des autres objections, mais au niveau du
déroulement dans le temps de la persistance rétinienne, on s’est aperçu que ça
ne pouvait pas expliquer l’illusion du mouvement au cinéma.
Cette illusion serait donc produite par un autre phénomène qu’on a mis en évidence par la suite et qu’on appelle l’effet Phi. Cet effet se manifeste dès que deux images légèrement décalées sont présentées rapidement l’une à la suite de l’autre. Notre cerveau y voit alors automatiquement un mouvement. Et l’origine de l’illusion serait plus dans la façon dont notre cerveau intègre les différents stimulus visuel qui lui parviennent et y détecte du mouvement ou du moins l’apparence de mouvement.
C’est
aussi l’effet Phi qui rend possible les animations créées avec des petits livres dont on feuillette rapidement
les pages.
https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_02/i_02_p/i_02_p_vis/i_02_p_vis.html#phi
Et c’est aussi lui qui donne l’impression de mouvement dans
les tableaux d’affichage animés fait de centaines de petites lumières, comme le
montre cette animation avec seulement deux points lumineux qui, en s’allumant successivement, donnent
l’impression d’un mouvement de gauche à
droite.
J’en
profite pour remonter ici pour vous montrer cette illusion assez étonnante. Il
s’agit d’une image tout à fait normale, une image fixe, et pourtant en la regardant qu’est-ce qu’on ressent
? On a effectivement l’impression que certaines roues tournent
!
Eh bien cette illusion, les
scientifiques ne la comprennent même pas encore complètement. Et je voudrais
terminer en attirant votre attention sur le fait qu’il y a encore beaucoup de phénomène que la science ne
peut pas expliquer, et à plus forte raison avec le cerveau. Rappeler, en
fait, que les explications scientifiques
ne sont jamais des vérités absolues, mais toujours que la meilleure hypothèse, ou le meilleur modèle disponible pour
expliquer telle ou telle chose.
On vient de voir par
exemple que l’explication scientifique du principe même de l’illusion du cinéma
avait changé au fil du temps quand
le modèle de la persistance rétinienne s’est avéré insuffisant, ou carrément
impossible.
Et je voudrais terminer en disant un mot sur les capsules de couleur que vous
avez sans doute remarqué un peu partout dans le site. Ce sont nos liens externes vers d’autres sites web qui
sont placés directement dans les pages
pertinentes afin de donner un accès
direct à ces compléments d’informations.
Notez aussi
que notre code de couleur s’applique
également aux capsules et qu’on
distingue différentes sortes de capsules (les montrer en remontant vers le haut de la page), par exemple des
capsules chercheur, histoire,
expériences, …
Parce que l’idée des capsules c’est aussi de
montrer que la science, contrairement à
ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas quelque chose qui avance constamment de découverte en découverte, sans aucune contrainte sociale ou économique, et qui est faite par des
« scientifiques » tous plus ou moins interchangeables.
Je l’ai dit tantôt, nos
savoirs scientifiques sont bien davantage constitués d'hypothèses que de vérités, de controverses que de certitudes, et ceux qui font de la science ne
sont pas des êtres froids et rationnels mais
bien des êtres passionnés, émotifs,
compétitifs mais aussi coopératifs. Bref, des êtres humains, avec un
cerveau humain, tout simplement…
Je vais terminer là-dessus
mon petit survol du site et du cerveau. Vous comprenez sans doute un peu mieux
maintenant pourquoi le site s’appelle « Le cerveau à tous les
niveaux », parce qu’il est justement conçu pour vous inciter à explorer ces différents niveaux, à passer au gré de votre
curiosité, d’un niveau à l’autre. Et c’est ce que je vous invite à faire si
vous retournez sur le site.
Fin.